Le juste retour des choses
Il y a un an presque jour pour jour, je descendais sur mon parking pour ouvrir le capot de ma vieille Renault Mégane. J'avais filé mon autre voiture à ma fille qui elle-même avait revendu la sienne et je me retrouvais un peu démuni, sans que la brise fut venue. Donc, après passage chez Carrouf pour acheter une batterie premier prix, me voici à faire un semblant de mécanique sur une voiture qui n'avait pas roulé depuis trois ans, et dont les pneus et l’électroencéphalogramme, tous deux à plat, n'auguraient rien de bon. Après deux trois manipulation rapides, dévissage et vissage de cosses, introduction de la clé dans le Neimann. Et là, Oui !!! La vieille tire n'a même pas toussoté pour relancer, comme revenue d'outre-tombe, sa belle respiration tonitruante de retraitée endormie, toute joyeuse qu'on lui donne enfin l'occasion d'exprimer sa gratitude d'avoir été ramenée à la vie dans l'univers impitoyable des anciennes qui seront bientôt transformées en boites à sardines. Il m'a fallu passer à la pompe, à air et à essence, histoire de ne pas rouler sur les jantes trop longtemps, d'espérer faire quelques kilomètres supplémentaires que le contenu du réservoir me laissait entrevoir, et utiliser pas mal d'huile de coude pour redorer la carrosserie crasseuse et épaisse de toute la saleté accumulée, d'autant que j'avais eu la bonne idée de garer la caisse sous les arbres où, bien évidemment, feuilles et oiseaux s'étaient donné le mot pour tout dégueulasser.
A ce stade, vous vous demandez certainement la raison pour laquelle je vous raconte cette histoire sans intérêt d'une voiture qui ne laissera pas sa marque dans l'histoire de l'industrie automobile de ce pays.
En fait, je voulais simplement faire un parallèle avec ce qui vous occupe en ce moment, c'est à dire la lecture d'un article écrit par mes soins sur un blog créé par mes soins.
Pour retracer un peu l'histoire, le blog a été créé en janvier 2011 et jusqu'en mai 2013, je l'ai alimenté d'articles sur un sport qui s'appelait encore speedbadminton. trente-neuf articles plus tard, soit un peu plus d'un par mois d'existence quand même, le manque de temps, l'usure, la fatigue, le changement d'occupation professionnelle m'en ont détourné et il gisait dans l'immense cimetière des blogs créés par des gens qui se sont dit un jour « Et si je créais un blog !? Super idée ! » et qui lâchent l'affaire au bout de quelques jours, mois ou au mieux, années. Combien sont-ils, à jamais perdus, égarés, oubliés, disparus, bloqués dans les mémoires de je ne sais quel serveur situé dans la Silicon Valley de la mort ?
Et voilà qu'à l'occasion de vacances durant lesquelles je n'ai rien d'autre à faire qu'à réfléchir, un peu, et m'occuper, encore moins qu'un peu, me passe l'idée de ce blog disparu. Qu'est-il devenu, pourrais-je le retrouver, le réanimer, le relancer, lui rendre vie ? C'est ce à quoi je me suis occupé, pas plus tard qu'hier. C'est là que les difficultés ont commencé. Le nom, je m'en rappelais. Faut pas déconner non plus. Mais après, les codes d'accès, l'identifiant boite mail, le mot de passe...perdus. Seul face à ta mémoire, tes évocations, tes résurgences, tes éclairs, autrement dit des signaux électriques que t'envoie ton cerveau que tu fais tourner à plein régime, après pas mal de tâtonnements, d'essais infructueux, de cases remplies de mots de passe incertains, de boites mails approximatives (mais pourquoi créer tant de boites mails?), bref, des coups de clés au Neiman de l'internet labyrinthique, tu finis par trouver ! Tout comme la vieille Renault Mégane, après un peu plus d'efforts, tu trouves la clé et Sésame s'ouvre. Tu entres là dedans, tu retrouves les choses dans l'état où tu les avais laissées, avec juste un peu plus de poussières. Tu consultes les statistiques, tu constates que malgré un arrêt de presque quatre ans, tu as encore des visites – des nostalgiques ou des curieux sans doute -, ta mise en page a changé – qui s'est permis ? - le petit cul d'une nana dans la flotte avec un surf illustre ta page, là où tu avais mis une photo qui rappelait le sport dont tu faisais la promo, ta page est envahies de cookies qui t'emmerdent à chaque visite. Bref, il y a encore du boulot, je dois encore passer à la pompe, pour aspirer toutes ces m... inattendues et parasites mais je vous le dis ici, ça va redémarrer. Le revoilà, me revoilà.
Je sais que j'ai manqué à certains, que d'autres s'en foutent royalement, que certains vont s'agacer. Bref, c'est le juste retour des choses.
Au moment où j'écris ces lignes, il semblerait que je sois encore en vie et ça, c'est une bonne nouvelle. Je compte bien en profiter encore pour maintenir la respiration de ce vieux blog endormi.